Enfin l‘auteur justifie les nouveaux rapports de son temps avec le paganisme en général[1]. « Sans doute, dit-il, la situation était tout autre alors que l‘Église primitive avait encore à se défendre contre les païens; aujourd’hui, grâce à Jésus-Christ, la véritable religion est forte et puissante, le paganisme est détruit, et l’Église victorieuse est maîtresse du camp ennemi ; aujourd’hui, on peut étudier et faire revivre le paganisme presque (fere) sans danger. » Quoi qu’il en soit, Boccace n’a pas toujours été aussi libéral. Sa défection tenait en partie à sa nature mobile et changeante, en partie au préjugé encore très-commun à cette époque, qu’il n’était pas convenable qu’un théologien s’occupât de l’antiquité. Ce qui l’intimidait aussi, c’était ravertissement du moine Gioacchino Ciani, parlant au nom du défunt Pietro Petroni : Boccace mourrait bientôt, avait dit la voix prophétique, s’il ne renonçait pas à ses travaux païens. Il était fermement résolu à abandonner ses études. Pour ie détourner de ce lâche dessein, il fallut les sérieuses exhortations de Pétrarque, il fallut que le poëte lui démontrât victorieusement que l’humanisme est compatible avec la religion [2].
II y avait donc un élément nouveau daus le monde et une nouvelle classe d’hommes qui le représentait. U est inutile de discuter la question de savoir si cet élément aurait dû s’arrêter au milieu de son développement, se restreindre à dessein et réserver les droits de l’élément national pur. Il suffit de dire que tout le monde était convaincu que c’était l’antiquité même qui était la