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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

mands si soignés, si remarquables. Le fait est d’autant plus extraordinaire qu’à l’époque de Nicolas V les copistes de Rome étaient pour la plupart des Allemands et des Français[1], « des barbares », comme les appelaient les humanistes italiens ; c’étaient probablement des gens qui avaient affaire à la curie et qui étaient obligés de gagner leur pain de chaque jour. Lorsque Côme de Médicis voulut improviser une bibliothèque pour sa création favorite, la Badia près de Fiesole, il fit venir Vespasiano, qui lui conseilla de renoncer à acheter des livres, parce qu’on ne trouverait pas ceux que Ton désirait, et d’en faire copier. Là-dessus Côme fit un accord avec lui : Vespasien engagea quarante-cinq copistes qu’il payait au jour le jour, et put fournir en vingt-deux mois deux cents volumes complètement terminés[2]. Côme avait reçu de Nicolas V[3] en personne la liste des ouvrages à copier. (Naturellement la littérature religieuse et les livres nécessaires pour le service du chœur formaient la partie la plus importante de cette bibliothèque.)

On trouve dans ces manuscrits ce beau caractère italien moderne qui fait que la seule vue d’un livre de cette époque est un plaisir, et dont le premier emploi remonte

    en Italie ; cette assertion ne peut donc s’appliquer à eux. — Fabroni, Laurent. Magn. Adnot. 156. Comp. Adnot. 154.

  1. G.VYE, Carteggio. I, p. 164. Une lettre de 1455, sous Calixte m La célèbre Bible miniature d’Urbin a été écrite par un oui travaillait pour Vespasiano. Sur les copistes allemands en Italie, 2omp G. CAMPORI dans Artisti italiani e stranieri uegh 5/ai. lUnar-TiP 1855 D 277. et Giornale di erudizione artistica, t. IT, p. obü SS. L :.«»., p. 411, note 6. Mprimur, alUmani,, yo.r plus bas, p. 239, note 2,
  2. Vespas. Fior., p. 335.
  3. Ambr. Trav. Epist., I, p. 63. Le Pape en fit autant pour les bibliothèques d’Urbin et de Pesaro. (Sur celle d’Alexandre Sforza, voir p. 34.)