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LA RÉSURRECTION DE L’ANTIQUITÉ.

de F. Fabius Maximus, et les Coroaro de la famille des Cornélius. Par contre, au seizième siècle, le nouvelliste Bandello, qui veut se faire passer pour le descendant d’une famille considérable de la nation des Ostrogoths, constitue une exception très-digne de remarque.

Revenons à Rome. Les habitants de cette ville « qui s’appelaient alors Romains », acceptaient comme un tribut l’espèce d’admiration respectueuse que leur témoignait le reste de l’Italie. Sous Paul II, Sixte IV et Alexandre VI, nous verrons de magnifiques mascarades, destinées à reproduire l’image qu’on aimait le mieux à se retracer en ce temps-là, c’est-à-dire le cortège pompeux des anciens triomphateurs romains. C’est sous cette forme que se célébraient toutes les fêtes solennelles. Tel était l’esprit public lorsque, le 16 avril 1445, le bruit se répandit qu’on avait découvert le corps, admirablement beau et parfaitement conservé, d’une jeune Romaine des temps antiques[1]. Des maçons lombards qui travaillaient dans une terre du couvent de Sainte-Marie, près de la voie Appienne, à exhumer un tombeau antique, trouvèrent un sarcophage de marbre avec cette inscription, dit-on : « Julie, fille de Claudius. » Le reste est du domaine de la fantaisie : d’après la légende, les Lombards disparurent aussitôt avec les trésors que contenait le cercueil et les pierres précieuses dont la morte était parée ; cette dernière était enduite d’une essence qui la garantissait contre la décomposition ; aussi était-elle fraîche et souple comme une jeune fille de quinze ans qui viendrait de mourir ; on allait jusqu’à dire qu’elle avait encore les

  1. Voir sur ce sujet Neouiporto, dans Murât., lIl, ii, col. 1094, qui avoue qu’on ue pouvait plus distinguer si c’était le corps d’un koinme on d’une femme : infttsura, dans Eccard, Scriptortt, u, col. 1951 ; Matarazzo, dans VArck, stor., XVI, ii, p. 180.