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CHAPITRE II. — ROME, LA VILLE AUX RUINES CÉLÈBRES.

s’il parle peu de celles de Rome[1], il a donné, par contre, toute son attention à celles du reste de l’Italie, et il est le premier qui ait bien connu et fidèlement décrit celles qui se trouvent dans le voisinage de la ville jusqu’à une grande distance. Sans doute les monuments chrétiens et les merveilles de la nature l’intéressent à un degré égal comme ecclésiastique et comme cosmographe, ou bien il faut admettre qu’il a dû se faire violence pour écrire, par exemple, que Nola tirait plus de gloire du souvenir de saint Paulin que des souvenirs romains et du combat héroïque de Marcellus. Non pas qu’il y ait lieu de douter de sa croyance aux reliques, mais son esprit est déjà plus épris de la nature et de l’antiquité et plus porté vers l’étude des monuments et vers les études artistiques. Même dans les dernières années de son pontificat, tourmenté par la goutte, mais gardant toute sa sérénité, il se fait transporter par monts et par vaux dans une chaise à porteurs à Tusculum, à Albe, à Tibur, à Ostie, à Faléries, à Ocriculum, et prend note de tout ce qu’il a vu ; il recherche les anciennes voies romaines, les anciens aqueducs, et s’efforce de déterminer les limites des endroits occupés jadis par les peuplades qui se pressaient autour de Rome. Dans une excursion qu’il fait à Tibur avec le grand Frédéric d’Urbin, tous deux passent leur temps de la manière la plus agréable à parler de l’antiquité et des guerres antiques, surtout de celle de Troie ; même lorsqu’il se rend au congrès de Mantoue (1459), il cherche, bien qu’en vain, le labyrinthe de Clusium dont il est question dans Pline, et visite sur les bords du Mincio ce qu’on appelle la villa de Virgile.

  1. *** J®- ànt. CIMPANOS : roa />« // dans