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CHAPITRE II. — ROME, LA VILLE AUX RUINES CÉLÈBRES.

revêtements et leurs incrustations de marbre, leurs colonnades et d’autres ornements, tandis qu’il ne reste aujourd’hui que la brique nue. L’existence de ces précieux débris fut cause qu’on entreprit sérieusement de faire la topographie de la ville antique.

Dans les pérégrinations du Pogge à travers Rome[1] on voit pour la première fois l’étude des ruines elles-mêmes liée plus intimement à celle des anciens auteurs et à celle des inscriptions (qu’il trouve et qu’il déchiffre malgré toutes les difficultés [2]) ; l‘imagination est reléguée au second plan, et la pensée de la Rome chrétienne est écartée volontairement. Seulement il est à regretter que l’ouvrage du Pogge ne soit pas beaucoup plus étendu et qu’il ne soit pas orné de gravures. Cet auteur a trouvé beaucoup plus de monuments bien conservés que Raphaël n’en a trouvé quatre-vingts ans plus tard. Lui-méme a encore vu intact le tombeau de Cécilia Métella, ainsi que la colonnade d’un temple situé sur la pente du Capitole, et a retrouvé plus tard ces monuments à moitié détruits | ces dégradations provenaient de ce que le marbre avait le funeste avantage de pouvoir facilement se convertir en chaux. Une partie de l’immense colonnade qui sc trouve près de la Minerve subit le même sort. Un chroniqueur de 1443 raconte que cette barbare transformation du

  1. Poggii Opera, ed. 1513, fol. 50-52, Ruinarum urbis Romæ descriptio écrite vers 1430, c’est-à-dire peu de temps après la mort de Martin V. Les Thermes de Caracalla et de Dioclélien avaient encore leurs incrustations et leurs colonnes. Comp. pour les détails Gregoroyius, VI, p. 700-705.
  2. Le Pogge considéré comme un des premiers coilectionneurs d inscriptions dans sa lettre qui figure dans la Vita Poaaii Mürat., XX, col. 177. Ambros. TraversarU epistolt» XXV 42 Un inicriptiom. semblé perdu. ’/Pm«’. trad, TOXIILI, I, p. 154 ss. Le PORge considéré comme Mllectionneur de bustes, Mon.T., xx, col. 183, et la lettre qui figure dans SuepuERD-ToNEtti, i, 258