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CHAPITRE PREMIER. — OBSERVATION PRÉLIMINAIRES.

notamment lors de son premier tribunat, sa tentative ne pouvait aboutir qu’à une comédie ridicule ; mais pour le sentiment national, le souvenir de l’ancienne Rome avait sa valeur. Grâce à la culture antique retrouvée, les Italiens ne tardèrent pas à devenir le peuple le plus avancé du monde et à sentir leur supériorité sur les autres nations.

Esquisser à grands traits ce mouvement des esprits, en étudier surtout l’origine, telle est la tâche que nous allons essayer de remplir[1].

  1. Pour plus de détails nous renvoyons aux ouvrages déjà souvent cités de Roscœ : Laurent Le Magnifique, et Léon X, ainsi qu’à G. Voigt : Silvius Ænéas de Piccolomini, pape sous le nom de Pie II, et son époque, Berlin, 1856-63, et aux ouvrages de Reumont et de Gregorovius, plusieurs fois cités. — Si l’on veut se faire une idée de l’étendue des connaissances qu’embrassaient les gens instruits du commencement du seizième siècle, on ne trouvera nulle part de meilleurs renseignements que dans les Commentarii urbani de Raphaël Volaterranus (ed. Basil. 1544, fol, 16 et autres). Ce livre montre que l’antiquité était la base de la science, qu’elle se retrouvait dans la géographie, dans l’histoire locale, dans les biographies de tous les hommes puissants ou célèbres, dans la philosophie populaire, la morale et les sciences spéciales, jusque dans l’analyse de tout Aristote, qui termine l’ouvrage. Pour apprécier et reconnaître toute l’importance de ce livre comme source de la culture, il faudrait le comparer à toutes les encyclopédies antérieures. Cette question se trouve traitée d’une manière complète et détaillée dans l’excellent ouvrage de G. Voigt : la Renaissance de l’antiquité classique, ou le Premier Siècle de l’humanisme, Berlin, 1859