pauvres pécheurs relégués dans l‘Enfer demandent à Dante de renouveler leur gloire et d’entretenir leur souvenir sur la terre [1], pendant que celles qui sont dans le Purgatoire ne demandent que son intercession en vue de leur satisfaction [2] ; même, dans un passage célèbre [3], le désir de la gloire, lo gran dino delV eccellenza, est condamné par le poëte parce que ia gloire intellecluelle, loin d‘être absolue, dépend du temps et que, selon les circonstances, elle est surpassée ou éclipsée dans les âges suivants.
La génération de poetes philologues qui surgit après Dante s’empare du domaine de la gloire dans un double sens : ils deviennent eux-mêmes les plus grandes célébrités de l’Italie, et en même temps, comme poëtes et comme historiens, ils disposent en connaissance de cause de la gloire d'autrui. Le symbole extérieur de ce genre de gloire, c‘est surtout le couronnement des poètes dont il sera question plus bas.
Un contemporain de Dante, Albertinus Musattus on Mussatus, couronné comme poëte à Padoue parPévêque et par le recteur, jouissait d’une gloire qui frisait l’apo¬ théose : tous les ans, au jour de Noël, des docteurs et des étudiants des deux collèges de l’Université venaient en procession solennelle, avec des trompettes et, parait-il, avec des cierges allumés, lui présenter leurs hommages [4] et lui apporter leurs présents. On continua de
- ↑ p. ex. ; Jn/erno, VI, 89; Xîil, 53; XVI, 85; XXXf, 127.
- ↑ Yumiorio, V, 70, 87, 133; VI, 26; VIII, 71; XI, 31; XIIF, 147.
- ↑ Purgatorio, XI, 85-117. Outre la gloria, on trouve ici réunis les noms de : Gndo, fama, rumore, nominanza, añore, qui ne sont que des synonymes désignant la même chose. - Boccace écrivait ÎTTv, t픓'. (Op^rc rolgari. vol. XVI, p. 30 SS.), perpeluandï nominis desiderh.
- ↑ ................VI, ni, coï. 260). Faut-il lire terets, muneribus ou eertis muneribus? C’est une question
