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DÉVELOPPEMENT DE L’INDIVIDU.

voûte de l’édifice, qu’il faisait frémir et trembler sous lui les chevaux les plus fougueux ; il voulait arriver à la perfection comme marcheur, comme cavalier et comme orateur. 11 apprit la musique sans maître, ce qui n’empêcha pas ses compositions d’étre admirées par des gens du métier. Sous l’empire de la nécessité il étudia le droit pendant de longues années, jusqu’à tomber malade d’épuisement ; lorsqu’à l’âge de vingt-quatre ans il constata que sa mémoire avait baissé, mais que son aptitude pour les connaissances exactes restait entière, il s’adonna à Tétude de la physique et des mathématiques, sans préjudice des notions pratiques les plus diverses, car il interrogeait les artistes, les savants et les artisans de tout genre sur leurs secrets et sur leurs expériences. De plus, il s’occupait de peinture et de modelage, et faisait, même de mémoire, des portraits et des bustes frappants de ressemblance. Ce qui fit surtout l’admiration de scs contemporains, c’est la mystérieuse chambre optique[1] dans laquelle il faisait apparaître tantôt les astres et la lune se levant au-dessus de montagnes rocheuses, tantôt de vastes paysages avec des montagnes et des golfes qui se perdaient au loin dans la brume, avec des flottes qui fendaient la mer, avec des alternatives de lumière et d’ombre. Il accueillait avec joie les créations d’autrui, et en général toute œuvre conforme à la loi de la beauté lui paraissait presque divine[2]. Qu’on ajoute à cela une grande activité littéraire : ses écrits sur l’art en

  1. L’Andalousien Abul Abbas Kasim Ibn Firnas avait fait des essais semblables ; il avait particulièrement essayé vers 880 de construire une machine à voler. Comp. Gavangos, The hîstory of the mvhavmtdan dynasties in Spain, I, (Loud-, 1840), p. 148 SS., et 425- 427 ; voir des extraits dans UamMER, Histoire de la littérature arabe, I, Introduction, p 51.
  2. Quicquid ingenio esset kominum cum quadam effççtum eUgantiaf *« prope divinum duccbat.