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CHAPITRE II. — DÉVELOPPEMENT DE LA PERSONNALITÉ.

moderne ; il prend leurs historiens pour modèles quand il écrit l’histoire de son temps, même s'il s’exprime dans la langue vulgaire ; traducteur des comédies de Piaule, il est amené à devenir régisseur lors des représentations ; il reproduit aussi bien que possible les formes si vivantes de la littérature antique, imite jusqu’au dialogue de Lucien, et avec tout cela, il fonctionne, quelquefois à son dam, comme juge, secrétaire et diplomate.

Mais au-dessus de ces hommes remarquables on voit briller quelques esprits vraiment universels. Avant d’examiner en détail les questions relatives à la vie et à la culture d’alors, nous esquisserons le portrait d’un de ces géants intellectuels ; c’est celui de Léon-Baptiste Alberti, qui apparaît au seuil du quinzième siècle (né en 1404 ? mort en 1472[1]). Sa biographie [2], qui n’est qu’à l‘état de fragment, ne parle guère de lui comme artiste et ne fait pas la moindre allusion au nom qu’il a dans l'histoire de l’architecture ; nous allons voir ce qu’il a été même sans cette gloire spéciale.

Dès son enfance, Léon-Baptiste a excellé dans tout ce que les hommes applaudissent. On raconte de lui des tours de force et d’adresse incroyables : on dit qu’il sautait à pieds joints par-dessus les épaules des gens; que, dans le dôme, il lançait une pièce d’argent jusqu’à la

  1. Pour ce qui suit, comp. J. Burkhardt, Histoire de la Renaissance ™ stuttg., 1868, surt. p. 41 ss., et A. Springer, Études sur Ihisioire de l art moderne, Bonn, 18G7, p. 69-102. Une nouvelle biographie d’Alberti par Hub. Janitscjiek est en préparation
  2. Dans Mürat., XXV, col. 295 ss., avec traduction en italien dans les Opere volgari di L. R. Alberti, vol. I, p. 39-109, où l’auteur formule et rend probable l’hypothèse que cette vita émane d Alberti Im-même. Pour plus de détails, voir Vasari, IV, 52 ss. — Mariano Locini, p. ex., était un amateur universel, ii était passé maître dans plusieurs branches à la fois, si l’on peut EpiT^ii%' qiTen trace sylvius Ænéas [Opéra, p. 622,