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CONCLUSION. — L’ITALIE DES PATRIOTES.

des déclamations italiennes ou comme une réponse aux attaques dirigées par i’italie contre la minorité intellectuelle de l’Allemagne. Et pourtant l’Allemagnie avait connu l’unité de fait bien plus tôt que l’italie, morcelée depuis l’époque des Romains. C’est à ses longues luttes contre l’Angleterre que la France doit surtout le sentiment de son unité nationale ; quant à l’Espagne, elle n’a pas pu, à la longue, absorber le Portugal, qui avait pourtant de si grandes affinités avec elle. Pour l’Italie, l’existence et les conditions vitales des États de l’Église étaient un obstacle à peu près insurmontable à l’unité. Si parfois, dans les relations politiques du quinzième siècle, on parle avec emphase de la patrie commune, on ne veut généralement que blesser l’amour-propre d’un autre État également italien[1]. La première partie du seizième siècle, c’est-à-dire l’époque où ia Renaissance a jeté le plus vif éclat, n’était pas favorable au développement du patriotisme : la soif des jouissances intellectuelles et artistiques, l’amour du plaisir, l’importance de la personnalité étouffaient le sentiment patriotique ou le reléguaient au second plan. C’est seulement à titre d’exception que des voix généreuses se font entendre à cette époque ; ce n’est que plus tard que retentissent

    réunis dans le vol. de Schardius, Scriptores rerum Germanicarum (Basel, 1571), et dans le 3’ vol. du Recueil de Freuer-Struvr (Strasbourg, 1717). compar. aussi plus haut, p. 23, note 3. Il faut y ajouter des ouvrages antérieurs, tels que celui de Félix Faber, Hislona Suevorum, libri duo, dans Goloast, Scriptores rer Suev., 1605, et des ouvrages postérieurs, tels que celui d’iRENicus’ Exegesis Germaniæ (llagu.enau, 1518). Sur ce dernier livre et sur l’iustoire patriotique de l’Allemagne de ce temps en rénéral compar. plusieurs travaux d’A. HoRAwiTZ,/teiîweAîs/orïV- t xxxni p. 118, note 1. ï, .AAAiii,

  1. Citons un exemple seulement ; la réponse du doge de Venise à un agent florentin relativement à Pise (1496), dans Maiipieuo Ann, veneti, Arch, Stor., VII, i, p. 427.