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CHAPITRE X. — LA PAPAUTÉ ET SES DANGERS.

Il n’en était pas de même du népotisme, qui faillit uu moment perdre le pontificat lui-même. De tous les neveux, le cardinal Pietro Riario fut celui qui jouit d’abord auprès de Sixte de la plus grande faveur ; il possédait presque exclusivement les bonnes grâces du Pape. C’était un homme qui pendant quelque temps occupa rimagination de toute l’Italie[1], soit par son luxe insensé, soit par les bruits qui se répandaient sur son impiété et sur ses projets politiques. En 1473, il négocia avec le duc Marie-Galéas de Milan : il fut convenu entre eux que ce prince deviendrait roi de Lombardie, et qu’ensuite il aiderait son allié de son argent et de ses troupes pour qu’il pût, après son retour à Rome, prendre la tiare ; il paraît que Sixte lui aurait volontairement cédé sa place [2]. Ce projet, qui aurait sans doute abouti à la sécularisation des États de l’Église à la suite de l’établissement de l’hérédité, échoua, grâce à la mort subite de Pietro (au commencement de l’année 1474). Le deuxième neveu, Girolamo Riario, n’entra pas dans les ordres, et n’attaqua point le pontificat ; mais, après lui, les neveux des papes augmentent l’agitation qui règne en Italie par leurs efforts pour se créer une grande principauté.

Jadis les papes avaient voulu faire valoir leur suzeraineté sur Naples en faveur de leurs neveux[3] ; mais depuis que Calixte III y avait échoué â son tour, il n’y

  1. Voir p, ex. tes Annales Piacentini, dans MüRAT., XX, col. 94 ’.
  2. CoRio, Sloria di Milano, fol 415 à 420. Pielro avait déjü aid ’ à diriger l’électioii de Sixte. Voir Infessüra, dans Eggard, Sa iptu. II, col. 1895. — D’après Infessura et Machiw., Storiefwr., 1. vu, les Vénitiens auraient empoisonné le cardinal. En effet, ils ne manquaient pas de raisons pour cela.
  3. Déjà Honorius II avait voulu, après la mort de Guillaume Ier (1127), annexer la Fouille aux États de l’Église, disant « qu’elle devait faire retour â saint Pierre ».