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CHAPITRE X. — LA PAPAUTÉ ET SES DANGERS.

Roses, ni l’Espagne, encore en proie à la désorganisation, ni même l'Allemagne, qui n’avait pas eu son concile de Bâle, ne lui auraient prêté ou n’auraient pu lui prêter le moindre secours. En Italie même il y avait un certain nombre d esprits, cultivés ou non, qui regardaient l’existence de l’État pontifical comme une question d’amour-propre national ; un très-grand nombre avaient un intérêt positif à ce qu’il subsistât tel qu’il était; la foule des fidèles croyait encore à la vertu des bénédictions du chef de l’Église[1] ; dans le nombre il y avait même de grands criminels, comme ce Vitellozzo Vitelli, qui suppliait Alexandre VI de lui accorder des indulgences au moment où le fils du Pápele faisait égorger [2]. Mais toutes ces sympathies réunies auraient été impuissantes à sauver

  1. Sur l’impression faite par les bénédictions d’Eugène IV à Florence, voir Vespasiano Fiorent., p. ig, compap- le passade cité dan» REOMO.T /-r, p. 171. - sur la majLté Ts foLrionfSe Nicolas V, voir INFESSÜRA {Eccard. II, col. 1883, ss.) et J. Manetti Vita Nicoîai V (Mürat., Ill, ii, col. 923). - Sur les hommares Pii” Comte) (MüRAT., XXIV, col. 205) et Pu II. Comment passim. surt. IV, 201, 204 XI, 562, à Florence Behziedegh erudiu, t. XX, p. 368. - Pour Venise, Comparer Egnatius, De ex. xll vir. Ven.. . I, cap. i : De relîgione. — Même des sicaires de profession n’osent pas s’attaquer au Pape. Les grandes comme quelque chose d’essentiel par Paul II ce pape ami de tout ce qui était pompeux (Platina, loe cil et par Sixte IV, qui célébra la messe de Pâques malgré la Éfoutte dont il souffrait (Jac. Volaterran, Mürat., XXIII, coi. 131). Le peuple fait une distinction très-singulière entre la vertu magique de la bénédiction et l’indignité de celui qui la donne; lorsqu'ea 1431 Sixte fut dans l’impossibilité de donner la benédiclion, le jour de l’Ascension, la foule murmura contre lui et le maudit. [Ibid., col. 133.)
  2. Machiavelli, Scrkti mdnori. p. Í42. dam le récit connu de la catastrophe de Sinigaglia. — Sans doute les Espagnols et les Français attachaient encore plus de prix aux bénédictions ponti- ficales que les soldats italiens. Compar. dans Paul Jov.. Viia Il), la scène qui précède la bataille de Ravenne. où 1 armée espagnole se presse autour du légat qui pleure de joie et lut demande l absolution. Voir aussi (ibid.) les Français à Milan