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CHAPITRE X
LA PAPAUTÉ ET SES DANGERS

En étudiant le caractère des États italiens en général, nous ne nous sommes occupé qu’incidemment de la papauté et des États de l’Église[1], qui sont une création tout à fait exceptionnelle. Ce qui rend d’ordinaire ces États intéressants, c’est-à-dire l’augmentation et la concentration raisonnées des moyens d’action, fait à peu près défaut dans les États de l’Église, car ici la puissance spirituelle aide constamment à cacher la faiblesse du pouvoir temporel et à le remplacer. À quelles épreuves l’État pontifical ainsi constitué n’a-t-il pas résisté au quatorzième siècle et au commencement du quinzième ! Lorsque le Pape fut emmené prisonnier dans le midi de la France, il y eut d’abord une désorganisation générale ; mais Avignon avait de l’argent, des troupes et un grand homme de guerre, qui fit rentrer les États pontificaux dans le devoir ; c’était l’Espagnol Albornoz. Le danger d’une dissolution définitive était encore bien plus grand lors du grand schisme d’Occident, alors que

  1. Nous renvoyons une fois pour toutes à l’Histoire des papes, par Range, t. I, et à l’Histoire de l’origine et du développement des États de l’Église, par Sugenheim. On a tiré parti des ouvrages récents de Gregorovius et de Reumont, et on les a cités chaque fois qu’ils présentaient des faits nouveaux. Comparer aussi l’Histoire de la papauté romaine. Leçons faites par W. Wattenbach, Berlin, 1876.