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L’ÉTAT AU POINT DE VUE DU MÉCANISME.

traiter les choses de la guerre faisait quelquefois place aux plus horribles excès, même sans que la haine politique y fût pour rien ; cela arrivait, par exemple, à la suite d’une promesse de pillage. Après la dévastation de Plaisance (1447), qui dura quinze jours, exécution que Sforza avait dû permettre à ses soldats, la ville resta déserte pendant longtemps et dut être repeuplée de force[1]. Mais ces faits isolés sont peu de chose à côté des malheurs dont l’Italie fut victime par suite des invasions étrangères. Les plus cruels de ces envahisseurs furent les Espagnols, chez lesquels l’ardeur du sang arabe qui coulait dans leurs veines, peut-être aussi l’habitude des affreux spectacles que leur donnait l’inquisition, avaient développé l’iostinct de la férocité. Celui qui apprend à les connaître par les horribles violences qu’ils commirent à Prato, à Rome, etc, à peine à s’intéresser plus tard à Ferdinand le Catholique et à Charles-Quint. Ces princes connaissaient leurs hordes et les ont pourtant déchaînées. Lesinnombrables documents qui sont sortis de leur cabinet et qui se répandent peu à peu, resteront une source de renseignements précieux ; mais personne ne cherchera plus une pensée politique féconde dans ce que ces princes ont écrit.

    niers et de leur extorquer des rançons. En opérant d’après ces principes, les Florentins, dans une grande bataille qu'ils livrèrent en 1440, ne perdirent qu'un homme, s’il faut en croire Machiavel.

  1. Pour plus de détails, voir Arch. stor,, append., t. V.