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CHAPITRE IX
LA GUERRE CONSIDÉRÉE COMME UN ART

Nous nous bornerons à indiquer en quelques mots comment la guerre est arrivée à prendre le caractère d’un art[1]. Au moyen âge, l’éducation du soldat d’Occident était remarquable, étant donné le système d’armement qui régnait alors ; il est même certain qu’il s’est trouvé de tout temps des hommes de génie en matière de travaux de fortification et de siège ; mais la stratégie aussi bien que la tactique ont été gênées dans leur développement par les nombreuses restrictions que l’obligation du service militaire comportait dans la pratique, et par l’ambition des seigneurs, qui se disputaient le premier rang quand ils étaient en face de l’ennemi, et qui, par leur folle impétuosité, compromettaient l’issue des batailles les plus importantes, témoin celles de Crécy et de Poitiers L’Italie, au contraire, a été la première à employer le système des mercenaires, qui reposait sur d’autres bases Elle s’adresse d’abord aux Allemands ; mais, à l’époque de la Renaissance, il se forma, au milieu des mercenaires étrangers, de bons soldats italiens[2]. Le perfectionnement précoce des armes à feu contribua aussi à démo-

  1. La question a été largement traitée de nos jours par Max Jaehns, la Guerre considérée comme un art, Leipzig, 1874.
  2. Barth. Facii, De viris ill., p. 62, s. v. ; Braccius Montonius.