le sultan Bajazet II contre Venise[1]. Ludovic le More encourut le même reproche ; « le sang des victimes et les cris de douleur des malheureux prisonniers chez les Turcs appellent sur lui la vengeance céleste », dit Tannaliste de Milan. À Venise, où l’on savait tout, on n’ignorait pas que Jean Sforza, prince de Pesaro, le cousin de Ludovic, avait reçu chez lui les envoyés turcs qui se rendaient à Milan[2]. Parmi les papes du quinzième siècle, les deux plus respectables, Nicolas V et Pie II, sont morts au milieu des plus tristes appréhensions ; le dernier a même été surpris par la mort au moment où il organisait contre les Turcs une croisade qu’il voulait diriger en personne. Par contre, leurs successeurs s’approprient l’argent versé par toute la chrétienté pour subvenir aux frais d’uue expédition contre les Turcs, et profanent les indulgences promises aux donateurs en faisant des spéculations à leur profit[3]. Innocent VIII s’abaisse à devenir le geôlier du priuce fugitif Dschem, moyennant une pension annuelle que lui payera Bajazet II, le frère du prisonnier, et Alexandre VI appuie à Constantinople les démarches faites par Ludovic le More pour décider les Turcs à attaquer Venise (1498), sur quoi cette ville, d’accord avec le roi de France, le menace d’un concile [4]. On voit que la fameuse alliance
- ↑ Ckron. Veneiam, dans Mürat,, XXIV, col. 14 et 76.
- ↑ MvLiPiERO, ailleurs, p 565, 568.
- ↑ TriThem , Annales Hirsaug., ad a. 1490, t. II, p. 535 SS.
- ↑ Malipiero. p. 161, compar p. 152. - La lemise de nschem ent e les mains de Charles Vlll prouve qu’il existait une cocrespondance on ne peut plus scandaleuse entre Alexandre et Bajazet, même en supposant que les document.s qui figureni dans Burcardus aient été interpoles, (Compar. sur ce sujet Rake, Sur la crilique de quelques historiens modernes, 2® édit , Leipzig, 1874, p. 99, et Ghegorovius, t. VU, p. 353, note 2, la déclaration du Pape, empruntée à un manuscrit, d’après laquelle le pontife ne s’entendait pas avec les Turcs.)
