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CHAPITRE VII. — LES RÉPUBLIQUES : VENISE, FLORENCE.

question vitale ; il regrette qu’on ait laissé Arezzo debout après la rébellion de 1502 ; il accorde même, d’une manière générale, que les républiques italiennes doivent avoir le droit d’étendre leur activité au dehors et de s’agrandir, afin de ne pas être attaquées elles-mêmes et d’assurer leur repos intérieur ; mais il ajoute que Florence s’y est toiyours mal prise, et qu’elle s’est fait des ennemies mortelles de Pise, de Sienne et de Lucques, tandis que Pistoie, qui avait été « traitée en sœur », s’était soumise volontairement[1].


Il serait injuste d’établii ; un parallèle entre les quelques autres républiques qui existaient au quinzième siècle et cette ville de Florence, qui a été de beaucoup le centre le plus important où se soit élaboré l’esprit italien et même l’esprit moderne de l’Europe en général. Sienne souffrait des maux organiques les plus graves, et sa prospérité relative en matière d’art et d’industrie ne doit pas nous faire illusion à cet égard. Sylvains Énéas[2] jette un regard d’envie sur ces « heureuses » villes impériales d’Allemagne où l’existence n’est pas empoisonnée par des confiscations de toute sorte, par les violences des autorités et des factions[3]. Gênes ne rentre guère dans la

  1. Comparer un document un peu postérieur (1532 ?), le mémoire, terrible dans sa sincérité, de Guichardin sur la situation et l’organisation inéritable du parti des Médicis, Lettere di principi, III, fol. 124 (ed. Venez., 1577).
  2. Æn. Syi vii Apoîogia ad Martimim Mayer, p. 701. — Sur le même sujet, voir Machiavel, Discorsi, l, 55 et ailleurs.
  3. La demi-culture moderne et l’abstraction ont eu souvent une influence souveraine sur les affaires politiques ; c’est ce que prouvent les divisions qui marquèrent l’année 1535 (Della Valle, Lettere sanesiy III, p. 317). Un grand nombre de marchands, excités par la lecture de Tite-Live et des Disconi de Machiavel, demandent très-sérieusement des tribuns du peuple et d’autres magistrats comme ceux de Rome pour réprimer les abus commis par les grands et les fonctionnaires.