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L’ÉTAT AU POINT DE VUE DU MÉCANISME.

jours moraux ; cepeudant il est on ne peut plus iotéressaut de voir comment il espère faire passer la succession des Médicis à la république, voire même à une démocratie moyenne. On ne saurait imagiuer un édifice plus ingénieux de concessions au Pape, à ses pariisans les plus dévoués et aux différents intérêts de Florence ; on croit voir le mécanisme d’une horloge. On trouve dans les Discorsi beaucoup d’autres principes, des observations, des parallèles, des perspectives politiques pour Florence, etc., entremêlés d’aperçus de toute beauté ; il proclame, par exemple, la loi d’un développement continu des républiques, développement qui n’est possible, il est vrai, qu’au moyen de secousses successives ; il v eut que le système politique soit mobile et perfectible, attendu qu’à cette condition seulement on pourrait éviter les condamnations et les bannissements sommaires. Par une raison semblable, c’est-à-dire dans le but de couper court aux violences privées et à l’intervention étrangère, « la mort de toute liberté », il voudrait voir les citoyens détestés du public, traduits en justice (accusa) au lieu de les livrer simplement à la médisance, comme autrefois. Il peint de main de maître les résolutions forcées et tardives qui, en temps de crise, jouent souvent un si grand rôle dans les républiques. Une fois, sa fantaisie et les difficultés de la situation politique l’entraînent à faire l’éloge le plus complet du peuple, qui sait choisir son monde mieux que n’importe qnel prince et qu’on peut rameuer de l’erreur « par la persuasion » [1]. Quant à fempire de la Toscane, il ne doute pas qu’il n’appartienne à sa ville natale, et il considère (dans an discours particulier) la nécessité de reprendre Pise comme une

  1. Cette idée se trouve dans Moniesquien, qui l’a certainement empruntée à Machiavel.