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L’ÉTAT AU POINT DE VUE DU MÉCANISME.

amende de 1,000 florins d’or s’ils n’exerçaient pas une profession régulière.

Pour la première moitié du seizième siècle il n’y a peut-être pas une ville au monde qui possède un document comparable au magnifique tableau que Varchi a fait de Florence[1]. Florence produit encore un chefd’œuvre de statistique descriptive comme elle en a produit tant d’autres, avaût que sa grandeur et sa liberié disparaissent pour toujours[2].

À côté du calcul appliqué à tous les faits de la vie matérielle nous trouvons une suite continue de tableaux de la vie politique. Non-seulement Florence voit se succéder plus de formes et de nuances politiques, mais encore elle les raisonne et les discute infiniment mieux que d’autres États libres de l’Italie ou de l’Occident en général. Son histoire est le miroir le plus parfait du rapport qui existe entre des classes d’hommes et des individus, d’une part, et un tout mobile et changeant, de l’autre. Les tableaux des grandes démagogies bourgeoises de France et de Flandre, tels que Froissart les retrace, les récits des chroniques allemandes du quatorzième siècle sont sans doute parlants ; mais, sous le rapport de la haute intelligence des faits et de Fétude approfondie des causes qui les ont amenés, les Florentins sont infiniment supérieurs à tous les autres. Domination de la noblesse, tyrannie, lutte de la classe moyenne contre le prolétariat, démocratie pure, démocratie incomplète, démocratie pour la forme, primatie d’une maison, théocratie (avec Savonarole),

  1. Varchi, Stor. Jiorent., III, p. 56 SS., à la fin du livre IX. Il y a quelques erreurs évidentes de chiffres qui pourraient bien pro-Fenir de fautes d’écriture ou d’impression.
  2. V. Appendice no 5, à la fin du volume.