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péché, c’est la mort[1]. C’est pourquoi, dès que je suis parvenu à l’âge de raison, j’ai agi comme doit faire toute personne de bon sens, j’ai cherché à améliorer ma condition.

Apollyon. Il n’est pas de prince qui consente à perdre ainsi ses sujets ; et pour moi, je n’entends pas te laisser échapper aussi facilement. Puisque tu te plains de ton traitement et de ton salaire, j’y remédierai : consens à revenir sur tes pas, et je mettrai à ta disposition tous les biens qui se trouvent dans mes états.

Chrétien. Mais, comment moi, qui me suis engagé au service du Roi des rois, pourrais-je, sans crime, rentrer au vôtre ?

Apollyon. Tu as fait en cela, comme dit le proverbe : tu es tombé de mal en pis ; mais rien n’est plus commun que de voir ceux qui se disent serviteurs du Roi des rois l’abandonner, et revenir à moi. Suis leur exemple, et tu t’en trouveras bien.

Chrétien. Je me suis donné à mon nouveau maître et je lui ai fait serment de fidélité ; si je violais un engagement aussi sacré, je mériterais de mourir du supplice des traîtres.

Apollyon. Tu m’as joué le même tour ; et cependant je suis prêt à tout oublier, si maintenant tu veux revenir à moi.

Chrétien. Quand j’ai promis de vous servir, je

  1. Rom. VI, 23.