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Chrétien. Laissons maintenant ce qui concerne notre pauvre Ignorant, et parlons d’autres choses édifiantes.

Grand-Espoir. De tout mon cœur. Quel sera le sujet de notre entretien ?

Chrétien. Avez-vous connu, il y a dix ans, dans votre pays, un certain Temporaire, qui montrait alors un grand zèle pour la religion ?

Grand-Espoir. Oui ; il demeurait dans la ville de Sans-Grâce, située à environ une demi-heure de la ville de Probité, et était voisin d’un nommé Tourne-le-Dos.

Chrétien. Précisément ; je crois même qu’il habitait la même maison que cet homme. Eh bien ! il fut une époque où la conscience de Temporaire était jusqu’à un certain point réveillée ; je crois qu’il n’était pas sans connaissance de sa misère et du salaire qui était du à ses péchés.

Grand-Espoir. Je le crois comme vous ; ma maison n’étant pas éloignée de la sienne, il venait souvent me voir, et presque toujours les larmes aux yeux. Il me faisait vraiment pitié, et je n’étais pas sans espérance de lui. Mais son exemple prouve bien que « ceux qui disent à Jésus : Seigneur, Seigneur, n’entreront pas tous dans le royaume de Dieu. »

Chrétien. Il me dit un jour qu’il était déterminé à entreprendre le pélérinage de la Cité céleste ; mais malheureusement il se lia tout à coup avec un nommé Sauve-soi-même, et dès-lors nous devînmes étrangers l’un à l’autre.