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Chrétien. Ainsi font bien des gens qui n’entreront pourtant pas dans le royaume de Dieu : « L’ame du paresseux ne fait que souhaiter, et il n’a rien »[1].

Ignorant. Mais je ne me contente pas d’y penser, j’abandonne tout pour l’amour de ces choses.

Chrétien. C’est ce dont je doute : tout abandonner est une chose plus difficile que la plupart ne le pensent. Mais qu’est-ce qui vous fait croire que vous avez renoncé à tout pour Dieu et pour le ciel ?

Ignorant. Mon cœur me le dit.

Chrétien. Le sage a dit : « Celui qui se fie en son propre cœur est un insensé. »

Ignorant. Cela peut être vrai d’un mauvais cœur, mais le mien est bon.

Chrétien. Quelle preuve en avez-vous ?

Ignorant. C’est qu’il me console par l’espérance du ciel.

Chrétien. C’est peut-être parce qu’il est trompeur ? Le cœur d’un homme peut le consoler par l’espérance d’un bien à la possession duquel il n’a encore aucun titre fondé.

Ignorant. Mais ma conduite est d’accord avec les dispositions de mon cœur, et par conséquent mon espérance est bien fondée.

Chrétien. Qui vous a dit qu’il en fût ainsi ?

Ignorant. Mon cœur me le dit sans cesse.

Chrétien. Votre cœur vous le dit ! mais à moins

  1. Prov, XIII, 4.