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par exemple, ceux-ci : « toutes nos justices sont comme le linge le plus souillé[1]. Personne ne sera justifié par les œuvres de la loi[2]. Quand vous aurez fait tout ce qui vous est commandé, dites : nous sommes des serviteurs inutiles »[3] ; et d’autres passages encore qui faisaient naître en moi des pensées telles que celles-ci : si toute ma justice est comme un linge souillé, si personne ne peut être justifié par les œuvres de la loi ; et si, quand nous avons fait tout ce qui nous est commandé, nous sommes des serviteurs inutiles, c’est folie de penser à entrer dans le ciel par l’obéissance à la loi. Je me dis encore : quand un homme, qui aurait contracté envers un marchand une dette de cent louis, se mettrait à payer comptant tout ce qu’il achèterait ; aussi long-temps que la vieille dette ne serait pas acquittée, le marchand pourrait l’attaquer en justice pour cette dette, et le faire mettre en prison.

Chrétien. Quelle conclusion en tirâtes-vous pour vous-même ?

Grand-Espoir. Je me dis ; j’ai contracté, par mes péchés, une dette énorme envers Dieu, et tous les changements que j’ai faits dans ma conduite et mes progrès dans le bien ne sauraient acquitter cette dette ; comment donc pourrai-je me soustraire à cette condamnation que j’ai attirée sur moi par mes péchés passés ?

  1. Es. LXIV, 6.
  2. Gal. II, 16.
  3. Luc XVII, 19.