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Chrétien. Quand bien même ils auraient eu affaire à lui, ils lui auraient fait acheter cher la victoire ; car bien que Grande-Grâce manie très-habilement ses armes et triomphe toujours de ses ennemis, lorsqu’il les attaque de front, et qu’il les tient à distance, cependant quand ils parviennent à l’approcher et à le serrer de près, alors il se peut que, même Lâche et Méfiant, ou leur compagnon, le terrassent, et une fois par terre, que peut faire un homme ?

Quiconque examine bien le visage de Grande-Grâce, y découvre des blessures et des cicatrices qui prouvent la vérité de ce que je dis. On m’a même conté qu’on lui a entendu dire une fois, et cela au plus fort du combat : « Je suis en grande perplexité même pour ma vie »[1]. Quelles plaintes, quels gémissements, quels cris de détresse, ces déterminés coquins et leurs compagnons d’œuvre n’ont-ils pas arrachés parfois à David ? Et Aman, et Ezéchias, quoique champions du Roi, eurent à soutenir contre eux une lutte longue et terrible. Pierre voulut un jour se mesurer avec eux ; mais quoiqu’il soit regardé par certaines personnes comme le prince des apôtres, ils le maltraitèrent au point de le faire trembler à la voix d’une servante.

Considérez encore que le roi de ces misérables n’est jamais si loin d’eux qu’il ne puisse les en-

  1. 2 Cor. I, 8.