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vendre, comme Esaü vendit son droit d’aînesse. Il ne nous est dit nulle part dans l’Écriture qu’Esaü eût la foi, même dans son plus faible degré ; par conséquent, il n’est pas surprenant que l’affection de la chair régnant en lui (comme elle règne sans opposition dans toutes les ames où la foi n’habite pas), il en soit venu à vendre son droit d’aînesse, son ame, son tout. Mais Petite-Foi était dans une disposition tout-à-fait différente ; son cœur était tourné vers les choses de Dieu ; c’était d’une nourriture spirituelle, de la nourriture qui vient d’en-haut qu’il avait besoin. Aussi, quand bien même il aurait trouvé des gens disposés à acheter ses bijoux, il ne les aurait pas vendus, pour se remplir l’esprit de choses vaines. A-t-on jamais vu un homme acheter du foin pour s’en nourrir, ou une tourterelle dévorer un corps mort ? Quoique pour satisfaire les convoitises de la chair, les hommes qui n’ont pas la foi puissent mettre en gage, hypothéquer, ou vendre tout ce qu’ils possèdent, même leur propre vie, ceux qui ont la foi qui sauve, même dans son plus faible degré, ne peuvent pas agir ainsi. Et voilà, mon frère, en quoi vous vous êtes mépris.

Grand-Espoir. Je le reconnais bien à présent ; mais la sévérité de votre réprimande m’avait presque fâché.

Chrétien. Et pourquoi ? Je vous ai seulement comparé à ces petits oiseaux qui ne font que sortir de la coquille, et qui courent par-ci par-là, bien qu’ils n’aient pas encore les yeux ouverts et qu’ils ne sa-