Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses propres yeux, il dit à son compagnon de voyage : « Il y a plus d’espérance d’un fou que de lui[1] ; » et il ajouta : « Quand l’insensé marche dans son chemin : le sens lui manque, tandis qu’il dit de chacun, il est un insensé »[2]. Lui ferons-nous d’autres représentations, ou nous contenterons-nous de le laisser réfléchir à celles que nous lui avons adressées ? Si vous m’en croyez, répondit Grand-Espoir, nous prendrons les devants, et nous lui parlerons plus tard, s’il se montre disposé à nous écouter.

Ils pressèrent donc le pas, et laissèrent Ignorant derrière eux. Quand ils l’eurent un peu devancé, ils entrèrent dans un sentier fort obscur, où ils rencontrèrent un homme que sept diables avaient lié de sept fortes cordes, et qu’ils entraînaient du côté de la porte qui était sur le flanc de la colline[3]. A cet aspect, les pèlerins eurent grand’peur ; néanmoins tandis que les diables emmenaient cet homme, Chrétien tourna les yeux vers lui, et crut reconnaître un certain Apostat habitent de la ville de l’Apostasie. Mais il ne put pas bien voir son visage, parce qu’il baissait la tête, comme un voleur qui aurait été découvert. Cependant Grand-Espoir regardant en arrière lorsqu’il eut passé, aperçut sur son dos un papier portant ces mots : Faux Chrétien, maudit Apostat. Alors Chrétien dit à son compa-

  1. Prov. XXVI, 12.
  2. Eccl. X, 3.
  3. Mat. XII, 45. ; Prov. V, 22.