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obtinrent. Où sommes-nous ? demanda Grand-Espoir. Son compagnon garda le silence, car il se doutait déjà qu’il l’avait égaré : bientôt il commença à pleuvoir, à éclairer et à tonner d’une manière effrayante, et les eaux se débordèrent.

Alors Grand-Espoir s’écria en soupirant : Hélas ! pourquoi me suis-je écarté du chemin ?

Chrétien. Qui aurait pu croire que ce sentier nous conduirait hors de la route ?

Grand-Espoir. Je l’ai craint dès le moment où vous avez voulu le prendre, c’est pourquoi je vous ai donné un avertissement amical. Je me serais exprimé avec plus de franchise, mais vous êtes plus âgé que moi.

Chrétien. Cher frère, pardonnez-moi ; je suis fâché de vous avoir fait sortir de la route, et de vous avoir exposé à un danger si imminent ; ne m’en voulez pas, je vous prie, je ne l’ai point fait dans une mauvaise intention.

Grand-Espoir. Consolez-vous, mon frère, je vous pardonne ; et je crois même que ceci tournera à notre bien.

Chrétien. Je suis heureux d’avoir affaire à un si bon frère ; mais il ne faut pas nous arrêter ici ; essayons de retourner sur nos pas.

Grand-Espoir. Mais, cher frère, laissez-moi marcher devant.

Chrétien. Non, s’il vous plaît, laissez-moi vous précéder ; s’il y a quelque danger, il est juste que j’y sois exposé le premier, puisque c’est moi qui