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Le président du jury, M. Aveugle, dit : Je vois clairement que cet homme est un hérétique. M. Nul-Bien : Qu’on fasse disparaître ce misérable de la surface de la terre. Oui, dit M. Malice, car je hais jusqu’à l’expression de sa physionomie. Je n’ai jamais pu le souffrir, dit M. Sensuel. Ni moi, dit M. Libertin, car il trouvait toujours à redire à ma conduite. Qu’on le pende, qu’on le pende, dit M. Entêté. C’est un homme de rien, s’écria M. Orgueilleux. Je le déteste du fond du cœur, dit M. Haineux. C’est un vaurien, dit M. Menteur. C’est le traiter trop doucement que de le pendre, dit M. Cruel. Débarrassons-nous-en le plus vite possible, dit M. Anti-Lumière. Dussé-je y gagner le monde entier, il me serait impossible de me réconcilier avec lui, dit M. Implacable ; concluons donc, sans plus de délais, à la peine de mort. Ils suivirent ce conseil, et Fidèle fut en conséquence condamné à être transporté immédiatement sur la place publique, pour y subir le supplice le plus cruel qu’on pourrait inventer.

Quand il eut été conduit au lieu de l’exécution, ils commencèrent par le fustiger ; ensuite ils le déchirèrent à coups de couteaux, lui jetèrent une grêle de pierres, le piquèrent avec la pointe de leurs épées, et enfin l’attachèrent à un pilier et le brûlèrent à petit feu. Telle fut la fin de Fidèle.

Dans ce moment, on aperçut, derrière la foule, un char attelé, qui attendait le pèlerin. Dès qu’il eut succombé, il fut enlevé dans ce char, et emporté au ciel à travers les nuées, aux sons éclatants