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(en petit nombre, il est vrai), touchées de leur conduite, se rangèrent de leur côté, ce qui exaspéra tellement la multitude qu’elle résolut de faire périr les deux voyageurs. On leur déclara que la cage et les fers n’étaient pas un châtiment assez grand pour eux, et qu’ils méritaient la mort pour tout le mal qu’ils avaient fait, et surtout pour avoir cherché à séduire les gens de la foire ; puis on les fit rentrer dans la cage, et on leur mit les pieds dans des entraves pendant qu’on délibérait sur les mesures à prendre.

Les pèlerins se rappelèrent alors tout ce que leur avait dit leur fidèle ami Évangéliste, et ils sentirent leur courage se fortifier dans les souffrances en songeant qu’il leur avait prédit ce qui leur arrivait. Ils cherchèrent aussi à se consoler l’un l’autre en se disant que le sort de celui qui succomberait dans cette lutte serait digne d’envie, et chacun d’eux désirait en secret être appelé à cette glorieuse destinée ; mais, s’en remettant à la volonté sage et parfaite du Souverain dispensateur de toutes choses, ils attendirent sans impatience et sans murmures ce qu’il lui plairait d’ordonner.

À l’heure fixée pour le jugement, on les ramena en présence de leurs adversaires. Le président du tribunal s’appelait Ennemi du bien. Les actes d’accusation contre les deux prisonniers ne différaient que dans la forme, et contenaient les mêmes choses, quant au fond. On leur reprochait d’être ennemis des habitants de la foire, d’avoir voulu troubler