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qu’un, ce fut, je pense, Belzébuth, le plus riche marchand de la foire, l’invita à acheter de ses vanités. H lui offrit même la seigneurie de toute la foire, si, en passant par la ville, il voulait seulement lui rendre hommage. Bien plus, comme c’était un personnage si illustre, Belzébuth le conduisit de rue en rue, et lui montra, dans un court espace de temps, tous tes royaumes du monde, afin de l’engager à marchander et à acheter quelques unes de ces vanités. Mais la marchandise n’était pas de son goût, aussi quitta-t-il la ville sans dépenser seulement un liard[1]. On voit que cette foire est très-ancienne et très-considérable.

Nos pèlerins, comme je l’ai déjà dit, ne pouvaient éviter d’y passer. Ils y entrèrent donc ; mais à peine y eurent-il mis le pied, que toute la populace fut en émoi et toute la ville en rumeur à leur occasion, et cela par différentes raisons.

Premièrement, le costume des pèlerins était différent de celui que portaient tous les gens de la foire, ce qui attira sur eux les regards de tout le monde[2]. Les uns disaient que c’étaient des imbéciles ; les autres, que c’étaient des échappés des petites maisons ; d’autres enfin que c’étaient des gens d’un autre monde[3].

En second lieu, si l’on s’étonnait de leur costume, on ne s’étonnait pas moins de leur langage ;

  1. Luc IV, 5-8.
  2. Hebr. X, 33.
  3. 1 Cor. II, 7, 8 ; 1 Jean III, 1.