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Beau-Parleur parut un instant confus ; mais il ne tarda pas à se remettre, et dit : Vous voilà parlant d’expérience, de conscience et de Dieu, et voulant appeler à lui de la vérité de chaque parole qu’on prononce. Je ne m’attendais vraiment pas à un entretien de ce genre, et je ne suis nullement disposé à répondre à de pareilles questions ; car je ne vois pas le droit que vous avez de me les faire, à moins que vous ne vous croyiez appelé à me faire la leçon, et même, dans ce cas, je ne suis point obligé de vous prendre pour juge ; mais, je vous en prie, veuillez me dire pourquoi vous me faites ces questions ?

Fidèle. D’abord, parce que je vous ai vu si prompt à parler, et que j’ai entendu dire que toute votre piété est dans vos paroles, et que votre vie dément votre profession de foi.

On dit que vous faites honte au nom chrétien ; que votre mauvaise conduite fait grand tort à la religion ; qu’elle a déjà été une occasion de chute pour plusieurs personnes, et qu’il est à craindre qu’elle n’en entraîne un grand nombre d’autres à leur perte. Votre religion s’allie très-bien, dit-on, avec l’avarice, avec l’impureté, avec les jurements, avec le mensonge, avec l’ivrognerie, avec la fréquentation des mauvaises compagnies.

Beau-Parleur. Puisque vous êtes si prompt à croire tout ce qu’on vous dit, et à juger témérairement vos frères, j’en conclus que vous êtes un de ces hommes moroses et mécontents de tout, avec