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fant quelles tiennent sur leurs genoux, et qu’elles couvrent de baisers et de caresses, tout en l’appelant vaurien et méchant.

Beau-Parleur. Vous embarrassez la question.

Fidèle. Non pas, je tiens seulement à montrer les choses comme elles sont. Mais quelle est la seconde marque à laquelle vous pensez qu’on peut reconnaître l’œuvre de la grâce dans le cœur ?

Beau-Parleur. Une profonde connaissance des mystères de l’Évangile.

Fidèle. Vous auriez dû commencer par là. Mais, n’importe, c’est encore là un signe trompeur. Car on peut avoir une connaissance très-profonde des mystères de l’Évangile, sans que la grâce agisse véritablement, dans l’ame. Un homme peut « connaître tous les mystères, et cependant n’être rien »[1]. Or, un tel homme n’est assurément pas un enfant de Dieu. « Si vous savez ces choses, disait notre Seigneur à ses disciples, vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez. » Il n’appuie pas ici sur la nécessité de les connaître, mais sur la nécessité de les pratiquer. Car il arrive quelquefois qu’on sait les choses sans les mettre en pratique. Un homme peut avoir la science d’un ange, et cependant n’être pas chrétien. Ainsi donc ce que vous avancez est faux. Le simple savoir suffit à ceux qui aiment à parler et à se vanter ; mais, pour plaire à Dieu, il faut agir. Ce

  1. 1 Cor. XIII, 2.