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Beau-Parleur. Fort bien, je vous remercie. Nous avons perdu bien du temps que nous aurions pu employer à causer ensemble.

Fidèle. Rien, ne nous empêche de causer maintenant, si vous le trouvez bon ; et, puisque vous m’avez donné le choix du sujet de notre conversation, je voudrais traiter avec vous cette question : Comment la grâce salutaire de Dieu se manifeste-t-elle, quand elle habite dans le cœur ?

Beau-Parleur. Je vois que vous avez envie de discourir sur la puissance de la vérité ; c’est un sujet très-intéressant, et je suis.prêt à vous répondre ; je le ferai en peu de mots. En premier lieu, quand la grâce de Dieu habite dans le cœur, elle nous fait crier bien haut contre le péché. En second lieu…

Fidèle. Un moment, s’il vous plaît. Examinons un point après l’autre. Vous auriez plutôt dû dire, ce me semble, que cette grâce se manifeste en excitant dans l’ame la haine du péché.

Beau-Parleur. Mais quelle différence y a-t-il, je vous prie, entre crier contre le péché et le détester ?

Fidèle. Oh ! une très-grande, vraiment. Un homme peut déclamer contre le péché par politique ; mais il ne peut le détester que lorsqu’il a acquis une sainte conviction du mal du péché. J’ai entendu bien des prédicateurs qui, en chaire, criaient contre le péché, et qui cependant le laissaient régner très-paisiblement dans leur cœur, dans leur conduite et dans leur famille. Quelques personnes crient contre le péché, comme ces mères qui crient contre un en-