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mais j’ai été moi-même témoin de toutes ces choses, et de bien d’autres encore, non moins condamnables. Tous les gens vraiment pieux ont honte de lui ; ils ne peuvent le regarder ni comme leur ami, ni comme leur frère ; loin de là, son nom seul fait rougir tous ceux d’entre eux qui le connaissent pour ce qu’il est.

Fidèle. Je vois que parler et agir sont deux choses très-différentes, et à l’avenir j’aurai soin de faire cette distinction.

Chrétien. Oui, vraiment, ce sont deux choses aussi différentes l’une de l’autre que l’ame est différente du corps. Car comme un corps sans ame est mort, les beaux discours qui ne sont pas accompagnés d’une conduite qui y réponde sont morts aussi. La pratique est l’ame de la religion. « La religion pure et sans tache envers notre Dieu et notre Père, c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et de se conserver pur des souillures de ce monde »[1]. Beau-Parleur ne se doute pas de cela ; il croit qu’il suffit d’écouter et de parler pour être bon Chrétien, et ainsi il se séduit lui-même. Écouter la parole, ce n’est que recevoir la semence ; et de simples discours ne suffisent pas pour prouver que nous portions des fruits dans notre cœur et dans notre vie ; cependant, n’en doutons, pas, c’est par les fruits qu’ils auront portés

  1. Jacq. I, 27.