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leur qui marchait à quelque distance devant eux. Il était de grande taille, et avait meilleure façon de loin que de près. Fidèle lui adressa la parole en ces termes : Mon ami, où allez-vous ? Vous rendez-vous aussi à la Cité céleste ?

Beau-Parleur. Oui ; c’est là que je vais.

Fidèle. J’en suis bien aise. J’espère que nous ferons route ensemble ?

Beau-Parleur. Je ne demande pas mieux.

Fidèle. Joignez-vous donc à nous, et nous nous entretiendrons de choses édifiantes.

Beau-Parleur. C’est toujours un plaisir pour moi de parler de bonnes choses, avec qui que ce soit ; et je suis ravi de trouver en vous des personnes qui éprouvent le même besoin ; car, pour dire la vérité, il y a bien peu de gens qui aiment à passer leur temps en voyage de cette manière ; la plupart des hommes préfèrent les conversations frivoles ; c’est ce que j’ai souvent remarqué avec peine.

Fidèle. C’est affligeant, en effet ; car qu’y a-t-il de plus digne des entretiens des mortels sur la terre que les choses de Dieu ?

Beau-Parleur. Vous me plaisez infiniment ; ce que vous dites est plein de sens. Permettez-moi d’ajouter que ce genre de conversation est aussi le plus agréable et le plus utile de tous. Agréable s’entend, pour ceux qui ont quelque amour du merveilleux. Par exemple, si un homme aime à parler d’histoire ou des mystères de la nature, ou de miracles et de prodiges, où peut-il puiser des sujets de conver-