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— Accordé, dit tranquillement mistress Merton. Et maintenant, je vais aller chercher les fraisiers et les boutures ; que vous avez été bonne, chère lady Vargrave, d’y penser ! »

Une heure s’était écoulée, et Éveline était partie. Elle avait quitté l’asile de ses années virginales ; elle avait dit en pleurant son dernier adieu sur le sein de sa mère, le bruit des roues s’était éteint au loin ; et cependant lady Vargrave restait encore sur le seuil ; son regard fixait encore l’endroit où elle avait aperçu Éveline une dernière fois. Un sentiment d’abandon, d’isolement s’empara de son âme ; le soleil, le printemps, le chant des oiseaux, semblaient rendre cet isolement encore plus triste et plus morne.

À la fin elle s’éloigna machinalement, et, les yeux baissés, à pas lents, elle suivit cette allée de prédilection, qui conduisait au paisible cimetière. La porte se referma derrière elle, et alors la pelouse, les jardins, les lieux qu’avait aimés Éveline, restèrent plongés dans une solitude aussi profonde que celle d’un désert. Mais les pâquerettes s’ouvraient au soleil, les abeilles voltigeaient parmi les fleurs, aussi gaîment qu’auparavant, malgré l’absence de toute vie humaine. Le sein de la nature ne renferme pas un cœur qui batte pour l’homme !