Page:Bulwer-Lytton - Alice ou les mystères.pdf/412

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE V

Allons, encore une fois, ô lauriers

Encore une fois, ô myrtes !

(Lycidas.)

Tandis que Maltravers était encore agité, stupéfait par les révélations du pasteur, auquel il s’était nécessairement fait connaître pour le mystérieux Butler, Aubrey, tournant les yeux vers la fenêtre, vit lady Vargrave qui s’approchait lentement de la maison.

« Voulez-vous passer dans la pièce intérieure, dit-il ; elle vient ; vous n’êtes pas préparé à la voir ! et puis serait-ce même à désirer ?

— Oui, oui ! je suis préparé ; il faut que nous soyons seuls. Je vais l’attendre ici.

— Mais…

— Je vous en conjure ! »

Le prêtre, sans ajouter un mot, se retira dans la seconde pièce ; Maltravers se jeta dans un fauteuil, et attendit tout ému l’arrivée de lady Vargrave. Il entendit bientôt un bruit de pas légers au dehors ; la porte d’entrée, qui donnait directement dans cette salle antique, s’ouvrit doucement ; et lady Vargrave se trouva dans la chambre. Dans la position qu’avait prise Ernest, Alice ne pouvait voir que sa silhouette, car le jour pénétrait imparfaitement par la fenêtre basse du cottage. Voyant une personne assise dans le fauteuil du pasteur, elle supposa naturellement que c’était Aubrey lui-même.

« Que je ne vous dérange pas, dit cette voix douce et suave, dont la mélodie s’était tue pendant tant d’années pour Maltravers ; mais je viens de recevoir une lettre de France, écrite par une personne que je ne connais point ; j’en suis tout effrayée ; c’est au sujet d’Éveline. »

Et dans l’intention de faire une visite plus longue que de coutume, lady Vargrave ôta son chapeau et le posa sur la table. Étonnée que le pasteur ne lui eût pas répondu, qu’il ne se fût pas levé pour venir à sa rencontre, elle s’approcha alors.