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Mais aussitôt que le regard vigilant de ce dernier vit ce mouvement, saisi de la crainte de reperdre la liberté, il jeta un cri perçant et s’enfuit dans le bois. Maltravers sauta par dessus la palissade, et le poursuivit quelque temps inutilement. Les épais taillis dérobaient toute trace du fugitif à ses regards.

Épuisé, hors d’haleine, il revint à l’endroit où il avait laissé Éveline. En approchant il entendit Teresa et son mari qui se dirigeaient de ce côté ; le rire joyeux de Teresa faisait retentir l’air limpide de ses vibrations claires et argentines. Le son de cette voix le consterna ; il se hâta de rejoindre Éveline.

« Ne dites pas un mot de ce que nous avons vu à Mme de Montaigne, je vous en conjure, dit-il. Plus tard je vous expliquerai pourquoi. »

Éveline, trop émue pour parler, fit un signe de tête pour le lui promettre. Ils rejoignirent les Montaigne, et Maltravers tira le Français à l’écart.

Mais avant qu’il eût le temps de lui parler, Montaigne lui dit :

« Silence ! N’effrayez pas ma femme… elle ne sait rien ; mais je viens d’apprendre à Paris que… que… qu’il s’est évadé !… Vous savez de qui je veux parler ?

— Je le sais !… Il est tout près d’ici ; envoyez à sa poursuite. Je l’ai vu. J’ai revu Castruccio Cesarini. »