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je dois vous dire que je ne connais nulle part de jeune homme plus habile et plus intelligent. Il est très-recommandable, et il possède une fortune indépendante ; son père, qui vient de mourir, avait amassé au moins trente mille livres sterling[1] dans le commerce. Son frère Édouard est mort aussi ; de sorte que la plus grande partie de cette fortune lui revient, et il n’exerce sa profession que pour son agrément. Ce serait pour lui un grand honneur.

— Où demeure-t-il ?

— Oh ! bien loin d’ici ; pas dans ce comté. Il demeure près de *** ; mais c’est sur votre route, mylord. Il habite une fort jolie maison. Je connais sa famille depuis mon enfance. Son père a embelli cette maison d’une manière étonnante ; ce n’était qu’un pauvre petit cottage de lattes et de plâtre quand feu M. Hobbs en a fait l’acquisition ; et maintenant c’est une belle et grande habitation.

— Eh bien, vous me donnerez son adresse avec une lettre de recommandation ; et voilà une affaire arrangée. Mais pour en revenir à la politique !… » Et ici lord Vargrave se mit à parler avec tant de volubilité et d’éloquence que M. Winsley finit par le croire le seul homme capable de sauver le pays d’un complet anéantissement, éventualité qu’il n’avait jamais envisagée jusque-là.

Il n’est peut-être pas hors de propos d’ajouter que M. Winsley, en souhaitant le bonsoir à lord Vargrave, lui dit tout bas à l’oreille :

« Que votre ami, lord Staunch soit sans crainte, mylord ; il peut compter sur nous ! »


CHAPITRE III

Voici la maison, monsieur.
(Le pèlerinage de l’amour, acte IV, sc. 2.)
Redeunt saturnia regna.
(Virgile.)

Le lendemain matin Lumley et son svelte compagnon parcouraient rapidement la même route où seize ans plus tôt,

  1. 750,000 francs