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vantard. Je crois qu’il doit avoir un Gascon parmi ses ancêtres, le pauvre garçon ! Il affecte de dire que vous ne pouvez choisir un habit, ni acheter un cheval sans son approbation et son avis ; qu’il peut faire de vous tout ce qu’il veut. Or, tout cela nuit à votre importance dans le monde ; on ne vous y reconnaît pas le mérite de votre bon sens et de votre bon goût. Suivez mon conseil ; évitez tous ces satellites de la mode, tous ces lions de clubs. N’ayant pas d’importance qui leur soit propre, ils se parent de l’importance de leurs amis. Verbum sap.

— Vous avez bien raison ; Legard est un vrai fat ; maintenant je vois pourquoi il parlait de nous rejoindre à Paris.

— Tâchez qu’il n’en fasse rien. Il dirait à tous les Français que mylady est amoureuse de lui ! ah ! ah !

— Ah ! ah ! la bonne plaisanterie ! cette pauvre Caroline !… la bonne plaisanterie !

— Allons, encore une fois, adieu. »

Et Vargrave ferma la porte.

« Legard aller à Paris ! quand Éveline y va ! non pas, murmura Lumley. D’ailleurs je n’ai pas envie de partager avec un autre le peu qu’on a tant de peine à tirer de cet animal. »


CHAPITRE IV

M. Bumblecase, un mot, s’il vous plaît ; j’ai deux mots à vous dire.

Adieu, beau manoir de Blackacre, avec tes bois, tes taillis et tes dépendances de toutes Sortes.

(Wicherley. — Le franc parleur.)

En quittant l’hôtel Fenton, lord Vargrave entra dans un des clubs de Saint James’s street. C’était une chose qui n’était pas dans ses habitudes ; ce n’était pas un amateur de clubs. Il n’avait pas pour système de dépenser son temps inutilement. Mais c’était un jour pluvieux du mois de décembre ; la chambre ne s’assemblait pas encore, et il avait terminé ses affaires officielles. Il était donc au club, en train de grignoter un biscuit, et de lire l’article principal d’un des journaux ministériels, dont il avait lui-même fourni la don-