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Lord Vargrave tendit d’un air insouciant l’invitation royale vers la main impatiente et le regard avide de Mistress Merton, mit soigneusement les autres lettres dans sa poche, et s’approcha de la fenêtre d’un air préoccupé.

Aubrey saisit cette occasion pour s’approcher de lui.

« Mylord, pouvez-vous m’accorder quelques moments d’entretien ?

— Moi ! certainement ; voulez-vous m’accompagner dans ma chambre ? »


CHAPITRE VIII

Jamais pauvre gentilhomme n’eut si brusques revirements de fortune.
(Beaumont et Fletcher. — Le capitaine, ac. V, sc. 5.)

« Mylord, dit le prêtre à Vargrave, qui, étendu dans son fauteuil, paraissait examiner la forme de ses bottes, tandis qu’en réalité ses regards étaient à la dérobée, mais non pas amoureusement fixés sur son interlocuteur, mylord, il est presque superflu de vous rappeler le vœu du feu Lord, votre oncle, relativement à miss Cameron et à vous-même ; il me paraît également superflu d’ajouter, en m’adressant à un esprit généreux comme le vôtre, qu’un engagement ne saurait être valide qu’autant que les deux parties dont le bonheur est en jeu, sont disposées à le remplir au moment stipulé.

— Monsieur ! fit Vargrave, en l’interrompant par un geste d’impatience ; car l’irritation qu’il éprouvait en prévoyant ce qui allait suivre lui faisait perdre son sang-froid habituel. Je ne sais pas ce qu’il y a de commun entre vous et tout ceci ; assurément vous empiétez là sur un terrain qui nous est exclusivement réservé à miss Cameron et à moi. Quelque chose que vous ayez à me dire, je vous prierai d’aborder immédiatement la question.

— Je vous obéirai, mylord. Miss Cameron (je dois ajouter que c’est avec le consentement de Lady Vargrave), miss Cameron me charge de vous dire que, bien qu’elle se trouve dans la nécessité de refuser l’honneur de votre alliance, si