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pourrait lui faire du mal. Oserai-je vous prier de le lui offrir avec mes compliments les plus affectueux et les plus empressés ? Je serai bien tourmenté jusqu’à votre retour. Maintenant, Merton (ajouta-t-il dès que la porte se fut refermée derrière le pasteur), faites-nous servir une autre bouteille de ce fameux bordeaux ! Quel drôle de vieux bonhomme ça fait, ce prêtre ! un véritable original !

— Lady Vargrave et miss Cameron l’aiment beaucoup, m’a-t-on dit, reprit M. Merton. Ce n’est qu’un simple prêtre de village, je présume, sans talent, sans énergie ; autrement il ne serait pas vicaire, à son âge.

— C’est vrai ; votre observation est très-juste ; l’église est une aussi bonne profession que toute autre pour faire son chemin quand on a des moyens. Je vous verrai évêque, vous, un de ces jours ! »

M. Merton hocha la tête.

« Mais oui, mais oui, quoique vous ayez dédaigné jusqu’à ce jour de déployer une seule des trois conditions orthodoxes qui donnent droit à la mitre.

— Et quelles sont-elles, mylord ?

— Il faut éditer une tragédie grecque, écrire un pamphlet politique, et apostasier au bon moment.

— Ah ! ah ! mylord est sévère à notre égard.

— Non pas ; j’ai souvent regretté qu’on ne m’ait pas destiné à l’église. C’est une excellente profession, quand elle est bien comprise. Par Jupiter ! j’aurais fait un fameux évêque ! »

En sa qualité d’ecclésiastique, M. Merton s’efforça de prendre un air grave ; en sa qualité d’homme du monde, tolérant et bon enfant, il abandonna cette tentative ; il rit de bon cœur de la plaisanterie de l’homme d’avenir.


CHAPITRE VII

Rien ne vous fait-il plaisir ? Que pensez-vous de la cour ?
(L’homme franc.)

Aubrey n’eut pas de peine à s’assurer de l’état d’esprit et des désirs d’Éveline. En ce qui concernait les espérances