Page:Bulwer-Lytton - Alice ou les mystères.pdf/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— C’est vrai, monsieur, répondit le vieux monsieur ; et je sens le froid d’autant plus vivement que je viens de quitter la douce atmosphère du midi.

— De l’Italie ?

— Non, de l’Angleterre seulement. J’apprends par ce journal (en général je m’occupe peu de politique) qu’il pourrait bien y avoir une dissolution du parlement, et que dans ce cas M. Maltravers se présenterait probablement comme candidat aux électeurs de ce comté ; le connaissez-vous ?

— Un peu, dit Cleveland en souriant.

— C’est un homme qui m’inspire un très-grand intérêt, dit le vieux monsieur ; et j’espère avoir bientôt l’honneur de faire sa connaissance.

— Vraiment ? Et vous vous rendez sans doute dans le voisinage du pays qu’il habite ? » demanda Cleveland, qui regarda plus attentivement l’étranger et fut fort satisfait d’un certain air de simplicité et de franchise qui régnait sur sa physionomie et dans ses manières.

« Oui ; je vais au presbytère de Merton. »

Maltravers, qui jusque-là était resté auprès de la fenêtre, se retourna.

« Au presbytère de Merton ? répéta Cleveland. Vous connaissez M. Merton alors ?

— Pas encore ; mais je connais une partie de sa famille. Cependant ma visite est plutôt à l’adresse d’une jeune personne qui est en visite au presbytère : miss Cameron. »

Maltravers poussa un profond soupir ; le vieux monsieur le regarda avec curiosité.

« Si vous venez de cet endroit, monsieur, peut-être avez-vous vu…

— Miss Cameron ? Assurément ; c’est un honneur qu’on n’oublie pas aisément. »

Le vieux monsieur parut enchanté.

« La chère enfant ! » s’écria-t-il dans un élan de sincère affection, et il passa la main sur ses yeux. Maltravers se rapprocha de lui.

« Vous connaissez miss Cameron ; vous êtes digne d’envie, monsieur, dit-il.

— Je l’ai connue depuis son enfance. Lady Vargrave est ma meilleure amie.

— Lady Vargrave doit être digne d’une pareille fille. Ce n’est que dans l’atmosphère d’un caractère charmant et d’un