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— C’est une femme extrêmement sensée et très-fine que mistress Hare. À propos, nous lui enverrons un ananas. Caroline est née pour être une femme de qualité !

— Tout à fait ; elle a tant d’assurance !

— Et si M. Maltravers voulait bien louer ou vendre Burleigh !…

— Ce serait charmant.

— Ne feriez-vous pas bien d’en souffler un mot à Caroline ?

— Elle a tant de jugement, cher ami, qu’il vaut mieux la laisser agir à sa guise.

— Vous avez raison, ma chère Betsy. Je ne cesserai jamais de répéter qu’il n’y a personne qui ait plus de bon sens que vous ; vous avez admirablement élevé vos enfants.

— Mon bon Charles !

— Il fait un peu frais ce soir, chérie, » dit le recteur ; et il éteignit la lumière.

Dès ce moment, lord Doltimore dut s’en prendre à lui-même, s’il ne trouva pas la maison de M. et mistress Merton la plus charmante qu’il y eût dans tout le comté.

Un soir les hôtes du presbytère étaient assemblés dans le riant salon. Cleveland, M. Merton, sir John, et Vargrave (contraint, à regret, de faire un quatrième) étaient réunis autour d’une table de whist. Éveline, Caroline et Lord Doltimore étaient assis autour du feu, et mistress Merton brodait un tabouret. Le feu était clair, les rideaux tirés et les enfants couchés. C’était un tableau de famille plein d’élégance et de bien-être.

On annonça M. Maltravers.

« Je suis charmée que vous soyez enfin venu, dit Caroline, en lui tendant sa blanche main, M. Cleveland n’avait pas osé répondre de vous. Nous sommes tous en train de discuter quelle est la manière de vivre la plus agréable.

— Et quelle est votre opinion ? demanda Maltravers, s’asseyant dans un fauteuil vide, qui se trouvait par hasard auprès d’Éveline.

— Mon opinion est décidément en ſaveur de Londres. J’aime la vie métropolitaine, avec ses perpétuels et gracieux sujets d’intérêt : la meilleure musique, la meilleure société, les meilleures choses en somme. La vie de province est si triste, ses plaisirs sont si monotones : récapituler des nouvelles surannées et user les robes de l’an passé ; cultiver les parterres d’une serre chaude, et jouer au loto avec des enfants ! c’est insupportable !