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CHAPITRE VI

Je suis voué à un opprobre éternel, si vous n’avez compassion de moi.

. . . . . . . . . . . . . . .

Allons, relevez-vous, réhabilitez-vous, alors.

(Ben Jonson. — Le Rimailleur.)

Le lendemain matin l’amiral Legard et son neveu causaient ensemble dans la petite cabine connue sous le nom de la « chambre de l’amiral ».

« Oui, disait le vétéran, ce serait folie de refuser l’offre de Vargrave, quoiqu’il suffise de la moitié d’un œil pour voir à travers une meule de moulin comme celle-là. Mylord est jaloux d’un grand beau garçon comme vous ; et il a raison. Mais tant qu’il sera sous le même toit que miss Cameron, il ne vous sera pas possible de faire votre cour à la jeune personne. Quand il sera parti, vous pourrez toujours vous arranger de façon à vous trouver dans le voisinage ; et alors, vous savez bien, jeune fat, que ce sera une affaire bientôt réglée. »

Et l’amiral considéra le beau colonel d’un regard de rude tendresse.

Legard soupira.

« Avez-vous des ordres pour *** ? dit-il ; je vais y aller à cheval, avant que Doltimore soit levé.

— Il est diablement paresseux, votre ami !

— Je serai de retour à midi.

— Qu’allez-vous donc faire à *** ?

— Brookes, le maréchal ferrant, a un petit épagneul, un king-Charles ; miss Cameron aime les chiens. Je voudrais le lui envoyer avec mes compliments ; ce sera comme un présent d’adieu.

— Ah ! le rusé compère ! ah ! ah ! ah ! le rusé compère ! ah ! ah ! »

Et l’amiral pinça la taille svelte de son neveu, en riant jusqu’aux larmes.

« Adieu, monsieur.

— Arrêtez, Georges ; j’oubliais de vous faire une question.