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« C’est d’autant plus malheureux, Caroline, ajouta la mère, en se tournant vers miss Merton, que demain nous devions, comme vous le savez, aller passer quelques jours à Knaresdean, pour y voir les courses. Je crains que, si notre pauvre Sophie ne va pas mieux, vous et miss Cameron, vous ne soyez obligées d’y aller sans moi. Je puis demander à mistress Hare de vous y accompagner, elle en serait enchantée.

— Pauvre Sophie ! dit Caroline ; je suis bien fâchée d’apprendre qu’elle soit malade. Mais je crois que Taylor prendrait bien soin d’elle, je ne vois pas du tout pourquoi vous vous croiriez obligée de rester, à moins qu’elle n’aille plus mal. »

Mistress Merton qui, avec son air tranquille, n’en était pas moins une mère tendre et dévouée, hocha la tête sans répondre. Sophie allait beaucoup plus mal à midi. On envoya chercher le médecin, qui déclara qu’elle avait la fièvre scarlatine.

Il était maintenant nécessaire de prendre des précautions contre la contagion. Caroline, qui avait eu cette fièvre, aida volontiers sa mère pendant deux ou trois heures. Mistress Merton renonça à la partie de plaisir du lendemain. On écrivit à mistress Hare (femme d’un riche squire du voisinage), et cette dame accepta avec plaisir de se charger de Caroline et de son amie.

On avait laissé Sophie endormie. Quand mistress Merton revint auprès de son lit, elle y trouva Éveline tranquillement installée. Elle s’en alarma, car Éveline n’avait jamais eu la fièvre scarlatine, et on lui avait interdit la chambre de la malade. Mais la pauvre petite Sophie s’était éveillée, et avait demandé, en pleurant, sa chère Éveline. La bonne d’enfant n’avait rien eu de plus pressé que de le dire à Éveline qui errait aux alentours de la chambre interdite et qui insista pour entrer. L’enfant la regardait d’un air si suppliant, lorsque mistress Merton rentra, et dit d’un ton si plaintif : « N’emmenez pas Éveline ! » que celle-ci déclara bravement qu’elle n’avait pas du tout peur de la contagion, et qu’elle était décidée à rester. D’ailleurs on ne pouvait se passer de son aide et de ses soins, puisque Caroline devait aller à Knaresdean le jour suivant.

— Mais vous y allez aussi, ma chère miss Cameron.

— Non, vraiment, je ne le peux pas. Je ne tiens pas aux courses ; je n’ai jamais souhaité d’y aller ; j’aurais bien pré-