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« Vous vous êtes admirablement montré, mon cher Vargrave ! dit lord Raby, lorsqu’ils se trouvèrent assis dans la voiture. Mes sentiments et les vôtres sont parfaitement d’accord ; je vous assure que j’ai senti mon sang s’échauffer lorsque j’ai vu que *** (le premier ministre) paraissait presque tenté de vous renverser. Le trait que vous avez décoché à *** était lancé de main de maître, il ne s’en remettra pas d’ici à un mois. Vous vous êtes fort bien tiré d’embarras.

— Je suis content que vous approuviez ma conduite ; c’est pour moi une consolation, dit Vargrave avec émotion ; je n’en vois pas moins toutes les conséquences de ce que j’ai fait ; mais je puis tout braver quand il s’agit de l’honneur et de la conscience.

— C’est aussi mon sentiment ! répondit lord Raby avec chaleur ; et si je pensais que *** voulût céder sur cette question, je ferais certainement de l’opposition à son administration. »

Vargrave hocha la tête, et se tut : ce qui donna à lord Raby une haute idée de sa discrétion.

Après quelques autres remarques sur les affaires politiques, lord Raby invita Lumley à venir le voir à sa campagne.

« Je pars pour Knaresdean lundi prochain. Vous savez que nous avons des courses dans le parc ; et quelquefois elles ont assez de succès ; en tous cas c’est un fort joli spectacle. Il ne se fera rien à la chambre des Pairs maintenant, la clôture est si proche ! Si vous avez un peu de temps, nous serons charmés de vous voir, lady Raby et moi.

— Assurément, mon cher lord, je ne puis refuser votre invitation. Du reste je me proposais de visiter votre comté la semaine prochaine. Vous connaissez peut-être un M. Merton ?

— Charles Merton ? certainement. Un homme très-recommandable ; un excellent garçon ; le meilleur ecclésiastique du comté : sans être cagot, il est parfaitement orthodoxe. C’est très-certainement lui qui maintient son frère à la chambre ; car bien que sir John Merton soit un membre fort actif, c’est, selon moi, un homme irrésolu dans certaines questions. Y a-t-il longtemps que vous connaissez Merton ?

— Je ne le connais pas du tout jusqu’à présent ; c’est sa femme et sa fille (une fort belle fille, ma foi !) que je connais. Ma pupille, miss Cameron, est en visite chez eux.

— Miss Cameron ?… Cameron ? ah ! je comprends. Je crois