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LIVRE I


CHAPITRE I


Qui es-tu donc, belle dame, qui usurpes la place de Blanche, cette femme d’une grâce incomparable ?
(Lamb.)


C’était au commencement du mois d’avril ; le jour touchait à sa fin ; deux dames étaient assises à la fenêtre ouverte d’un cottage du Devonshire. La pelouse qui s’étendait devant elles était parsemée d’arbres verts, dont le sombre feuillage était égayé par les premières fleurs et le frais gazon du printemps. À l’horizon la mer, qu’on apercevait à travers une éclaircie des arbres, bornait la vue, et contrastait avec les aspects plus rapprochés et plus paisibles du paysage. C’était un lieu écarté, solitaire, éloigné des affaires et des plaisirs du monde ; et c’était là ce qui en faisait le charme aux yeux de celle qui l’habitait.

La plus jeune des deux dames assises à la fenêtre était la maîtresse de la maison. À son apparence, on ne lui eût guère donné que vingt-sept ou vingt-huit ans, quoiqu’elle dépassât de quatre ou cinq ans cette époque critique de la beauté. Elle était petite et délicate de taille et de proportions, et