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AMSTERDAM


Amsterdam ne vous calme pas comme les autres villes de Hollande. Son atmosphère ardente et triste semble charrier de la poudre d’or et de l’inquiétude. Ses rythmes sont précipités. Dans le vif mouvement des rues, on se figure, non pas que les gens se promènent ou vaquent à des affaires voisines : on se figure qu’ils s’en vont ! Et à chaque minute, le goût du vent conseille de partir. De partir vite, sur la mer prometteuse, vers les climats étranges, les aventures : l’inconnu !

La poésie de la ville ne tient pas à ses aspects, mais à ce qu’elle donne l’irrésistible désir de posséder la terre. Quand on y circule seul, non distrait, elle impose à l’esprit lentement exalté l’image d’un carrefour où tous les chemins du monde aboutiraient fatalement, d’où l’on part pour la conquête de tous les rêves. Un endroit aussi où il peut et doit advenir ce qui n’advient pas ailleurs : fortunes romanesques et soudaines, rencontres improbables, métamorphoses.

Au long des canaux assombris, devant les chefs-d’œuvre, sans cesse on entend l’ordre impérieux et qui tente : Allez-vous-en vers les ciels éblouis de