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un voyage

tiques religieuses, et les austérités que François réprouvait. On mitigea le vœu de pauvreté. Les doctes personnes qui dans un enthousiasme sincère étaient entrées dans l’ordre pour y oublier l’orgueil de la science, retournèrent à la science. Le temps allait bientôt venir où les franciscains disputeraient aux dominicains les savants, les lettrés qui devait faire briller l’ordre d’un éclat intellectuel. Le temps allait bientôt venir où les franciscains posséderaient les plus immenses églises, les plus magnifiques couvents. Or, François ne voulait pas que l’ordre possédât rien. Si quelqu’un souhaite la maison où vous habitez, disait-il à ses frères, sortez sur-le-champ et la lui cédez. Et il ne voulait pas qu’ils fussent avides de science. Il pensait qu’on trouvera toujours des hommes pour se livrer aux recherches de l’esprit, mais qu’on n’en trouve pas tant pour montrer l’image du détachement parfait, du sacrifice total et joyeux, de l’amour. Ses fils n’avaient que faire d’étudier, leur besogne c’était d’offrir au cœur un magnifique idéal réalisé.

Une fois, il arriva qu’un novice vint lui demander permission d’avoir un psautier : « Quand tu auras ton psautier, dit François, tu voudras avoir un bréviaire. Et quand tu auras un bréviaire, tu t’assiéras sur une chaire comme un grand prélat, et tu feras signe à ton compagnon : « Apportez-moi, mon bréviaire ! » Puis, d’un geste vif, il prit de la cendre dans la cheminée, il la répandit sur la tête du novice en répétant : « Voilà le bréviaire ! Voilà le bréviaire ! »